dimanche 31 juillet 2016

Assiette anglaise


Aujourd'hui samedi la météo a annoncé une onde tropicale pour le week-end , et nous avons droit à une succession de grains et même à un peu d'orage. Pas question de faire quoi que ce soit dans le jardin, de plus nous venons d'assurer la garde ce Clara pendant la semaine écoulée. Après le passage de cette petite boule d'énergie de deux ans qui nécessite une attention de tous les instants, nous avons décidé, le temps pluvieux aidant, de faire relâche et surtout de ne pas remuer les casseroles.

Après un rapide tour d'horizon dans le frigo, une réunion de l'état-major composée de ma femme et moi même, il fut décidé de faire une salade avec un reste de poulet froid, du poivron jaune, une échalote, des tomates cerise et une petite boite de petit pois. Elle fut servie avec une vinaigrette épicée à laquelle la cuisinière en chef ajouta deux cuillerées de mayonnaise.


Après un petit punch de réconfort pour faire face au mauvais temps, dès la première bouchée, le gout de la mayonnaise, mélangé au fondant des petits pois et la consistance du poulet froid, déclencha un flash : je revis les assiettes anglaises que préparaient mes parents lorsqu'ils organisaient des surprises- parties du temps de leur jeunesse.

Organiser ces petites fêtes entre amis n'était pas une mince affaire. D'abord il fallait mettre en place une logistique pour inviter les amis, pas de téléphones portables, peu de fixes et surtout tout le monde n'était pas motorisé comme maintenant. Une fois cela fait, il y avait les incontournables préparations: le planteur, les amuses gueules et surtout les assiettes anglaises

Le planteur est un cocktail qui demande à celui qui le prépare des papilles bien affutées afin que l'équilibre des ingrédients soit parfait et que tout le monde s'extasie à sa dégustation.  Le rhum vieux, le jus de goyave coupé de jus d'ananas, le sirop de grenadine pour la couleur, la pointe de muscade pour les puristes et surtout l'indispensable trait d'angostura sans lequel il n'y a pas de bon planteur, sont les composants de ce fameux cocktail qui fait partie de notre art de vivre. Une fois réalisé, de nombreux gouteurs se présentaient pour vérifier que le maitre de cérémonie avait bien oeuvré. Celui ci trouvait qu'il n'y avait pas assez de rhum, un autre qu'il était trop sucré , ou pas assez parfumé , enfin cela donnait lieu à des échanges où les moqueries fusaient dans la bonne humeur jusqu'à ce que le consensus se fasse sur le juste équilibre des saveurs.

Les deux autres incontournables, c'est à dire les amuses-gueules et les assiettes anglaises relevaient de la compétence féminine. 
Les amuse-gueules  était des petites buchettes de feuilles de cocotier sur lesquelles étaient enfilé un assortiment de saucisson, de cubes de gruyère, d'olives ou de petits oignons au vinaigre. Ces petites brochettes étaient fichées sur des chadecs, variété de gros pamplemousse, et ils formaient comme de gros hérissons. Les enfants étaient autorisés à mettre la main à la pâte pour ces réalisations. Je me souviens des conseils et de la surveillance de ma mère qui présidait aux préparatifs quand ma soeur et moi âgés environ de six et huit ans insistions pour y participer.

La plus grosse entreprise était  de préparer les fameuses assiettes anglaises. Ce n'était rien de raffiné mais un en-cas pour sustenter les fêtards sur le coup des deux heures du mat. Elle était composée d'une macédoine de légumes assaisonnée à la mayonnaise et d'un morceau de poulet froid accompagné d'un morceau de pain pour les plus affamés.

Une fois tout cela fait on pouvait préparer la pièce en passant du savon de Marseille sec sur le carrelage afin que les danseurs puissent mieux glisser dans leurs déplacements.

La musique était assurée par un tourne disques asthmatique , chacun apportant ses 33tours, qui de biguine, de mazurka, de bolero ou des derniers mérengués à la mode. Enfin il était demandé aux garçons d'apporter une bouteille de mousseux  qui était généralement servi au moment de l'assiette anglaise, ou avec les gâteaux amenés par les compagnes. 

 Je ne me lassais pas d'observer, parfois en piquant du nez, tous ces adultes s'amuser souvent bruyamment dans une ambiance de joie et de bonne humeur, enfin c'est le souvenir que j'en garde.

Dans l'attente du prochain billet, je vous dis

a an lot soley !

à un autre soleil !




1 commentaire:

  1. Je t'imagine assis sur les escaliers en regardant les adultes danser et te demandant quand ça serait fini ... Ah non ça c'était moi quand les copains étaient partis :-))) tu m'as bien fait rire avec les tourne-disques asthmatiques. Mais tu n'as pas dit que les goûteurs de planteur risquent d'être saoules avant le début de la fête :-)

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