vendredi 23 novembre 2012

Gombos


Une vrai découverte

J'ai découvert les gombos rouges grâce à KOKOPELLI. Alors que j'en mange depuis mon plus jeune âge, je n'en avais jamais vu de rouges. J'espère qu'ils seront aussi bon que les verts traditionnels.








Un nouvel ennemi

Je viens de découvrir un nouvel ennemi : les rats. Ils commencent à attaquer les gombos verts systématiquement. Tous les matins je trouve des fruits grignotés. Il est temps d'acheter une bonne dose de raticide . Entre les rats , les oiseaux, les manicous, les insectes, les nématodes, les virus et bactéries, sans compter les champignons je suis en très mauvaise posture. La bataille est loin d'être gagnée, il est grand temps de me rapprocher de la FREDON.

FREDON: fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles. Cet organisme existe dans toutes les régions de France


Cherchez l'erreur

N'ayant rien d'autre à vous raconter aujourd'hui, je vous dis

a an lot soley
à un autre soleil

jeudi 22 novembre 2012

Clin d'oeil de SWEET KWISINE


Suite à mon billet sur Noël, SWEET KWISINE m'a fait un petit clin d'oeil en gâteau.
 Je le partage avec vous.


Sympa non?

a an lot soley !
à un autre soleil !


Brèves du potager 3 (et du pouvoir des fleurs de giraumon ...)


Enfin une petite récolte satisfaisante de gombos " Esmerald green " qui sont excellents. Vous pouvez découvrir la recette de leur préparation au citron sur le site de SWEET KWISINE dont le lien est sur ma page d'accueil dans les sites amis. Les trois pieds que j'ai plantés sont en pleine production et apparemment ils ne plaisent pas aux oiseaux.


Essai  des gombos rouges  "Red burgundy", ils font leurs premières fleurs et nous verrons bien ce qu'ils donneront.



Le plant de giraumon se couvre de fleurs, elles sont magnifiques, j'espère qu'il donnera quelques fruits.
Je vais vous raconter une croyance liée à ces fleurs et c'est la première fois que je la rapporte.
 Quand nous étions enfants, nous avions une vision plutôt fantasmagorique de la vie sexuelle dont nous étions totalement ignorants.Une de nos fantasmagories était liée notamment au pouvoir de ces fleurs sur le développement de nos zizis. Comme tous les petits garçons de notre âge nous étions préoccupés par la taille de nos engins. Et nous croyions dur comme fer, que pour avoir un développement conséquent de notre zizi, il fallait l'introduire dans un fleur de giraumon. Lors de la formation du fruit, notre zizi grandirait au rythme de croissance de ce dernier. Mais la pratique comportait un risque, celui du grossissement incontrôlé si le fruit n'était pas cueilli à temps!  Le risque d'avoir un sexe monstrueux fit qu'aucun de nous n'essaya la recette , et à aucun moment il ne nous vint à l'idée que tout cela n' était que des sornettes.
Nous étions vraiment des petits campagnards, " ti neg la kapann" naïfs et ignorants et quand je compare le développement de mes petits enfants au même âge, j'ai le sentiment que nous étions dans des mondes vraiment différents.







J'espère que je vous aurai bien amusés et je vous dis


a an lot soley !
a un autre soleil !

mercredi 21 novembre 2012

Noël s'annonce

Oignons-pays plantés dans un gouttière transformée en jardinière.


Le temps change , les jours se sont raccourcis, mais la luminosité est magnifique. Il  apporte cette sensation de légèreté  joyeuse qui caractérise la période de l'Avent.
Mais les temps eux aussi ont changé.
 Noël est aujourd'hui aussi annoncé par les catalogues de jouets dans les boites aux lettres, les pubs à la télé, l'annonce de tonitruants "chantés noël" qui semblent devenir des galops d'essai pour le carnaval(même à Paris), la dictature des enfants qui grâce à tout cela imposent leurs choix de cadeaux.
J'ai connu dans mon enfance un autre type d'effervescence, sans pub, sans télé, sans débauche de lumières, de sonos, de décorations, que le poète a su exprimer bien mieux que je ne saurais le faire.

" Il s'était annoncé d'abord Noël par un picotement
de désirs, une soif de tendresses neuves, un bourg-
eonnement de rêves imprécis, puis il s'était envolé
tout à coup dans le froufrou violet de ses grandes
ailes de joie, et alors c'était parmi le bourg sa
vertigineuse retombée qui éclatait la vie des cases
comme une grenade trop mûre.
 Noël n'était pas comme toutes les fêtes. Il n'aimait
pas à courir les rues, à danser sur les places
publiques, à s'installer sur les chevaux de bois, à
profiter de la cohue pour pincer les femmes, à lancer
des feux d'artifices au front des tamariniers. Il avait
l'agoraphobie, Noël. Ce qu'il fallait c'était toute
une journée d'affairement, d'apprêts, de cuisinages,
de nettoyages, d 'inquiétudes,
de-peur-que-ça-ne-suffise-pas,
de-peur-que-ça ne-manque,
de-peur-qu'on-ne-s'embête,
puis le soir une petite église pas intimidante, qui se
laissât emplir bienvaillamment par les rires, les
chuchotis, les confidences, les déclarations amou-
reuses, les médisances, et la cacophonie gutturale
d'un chantre bien d'attaque et aussi de gais copains et
de franches luronnes et des cases aux entrailles riches
en succulences, et pas regardantes, et l'on s'y parque
une vingtaine, et la rue est déserte, et le bourg n'est
plus qu'un bouquet de chants, et l'on est bien à
l'intérieur, et l'on mange du bon, et l'on en boit
du réjouissant et il y a du boudin......"

Aimé CESAIRE
Cahier d'un retour au pays natal . Paris 1939
extrait tiré de la réédition  Présence Africaine Paris 1983

Et le potager dans tout cela? me direz vous.
Le potager pour un Noël traditionnel doit être un grand pourvoyeur d'oignons pays, de pois d'angole, d'igname, de piments, de persil.
Noël c'est également la fête du cochon et la production du potager servira aux différentes préparations auxquelles il donnera lieu. Car à cette occasion on mange du boudin, des patés salés, du ragout accompagné d'igname et de pois d'Angole. Mon potager lui, cette , année ne fournira que l'oignon- pays, le persil et des piments si les grives veulent bien m'en laisser quelques uns.
Autrefois tous ceux qui le pouvaient, élevaient un cochon à cet effet. Il s'agissait d'un cochon de race locale noire, plutôt petit et pas trop gras.
Les trois petits cochons martiniquais- photo de Cécile

En 1972, à Fond Bourlet, j'ai pu vivre le dernier Noël, où ma grand mère,selon la tradition, a fait abattre par ses voisins un cochon qu'elle avait nourri dans ce but. Cette année là fut la dernière fois où, j'entendis ma grand-mère, Manman DO, chanter Noël en reprenant toutes les ritournelles en créole, esquissant quelques pas de danse malgré ses rhumatismes aux genoux.



 Le voisin marin-pêcheur (reconnaissable à son chapeau de bakoua peint) débitant la bête au coutelas


Ma mère Jojo, aidée de ma soeur Josiane, remplissant les boudins. Du pimenté pour les "grandes personnes"
et du non pimenté pour les enfants et les petites natures.


En 1975 la vie fit que nous repartîmes en France. De retour en 1980, tout changeait, la Martinique continuait à s'urbaniser à vive allure, il y avait de moins en moins de jardins créoles, de cochons domestiques, Manman Do et son mari Hyppolite habitaient désormais au bourg de Case Pilote, c'était pour nous la fin d'une époque.

En vous souhaitant de bien préparer vos fêtes de fin d'année
je vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !

dimanche 11 novembre 2012

Les voraces


Pas grand chose à se mettre sous la dent. Je suis plutôt dépité par les nouvelles attaques des prédateurs voraces. Cela a sapé mon moral de jardinier. En effet  cette garce de grive, mince je me laisse aller, a découvert que les poivrons étaient aussi bons que les piments et s'est fait un plaisir de déguster les jeunes fruits que le California Wonder commençait à reporter . Du coup je l'ai mis sous filet.
La deuxième attaque concerne la disparition de tomates vertes sur le pied de Caraïbo. Cette fois-ci il ne s'agit pas des grives, ni d'un quelconque autre oiseau. Le forfait a été perpétré de nuit, et les tomates ont été cueillies sans laisser de traces. J'ai d'abord pensé à des rats, mais ces derniers auraient signé leur action par des traces de dents sur des restes de fruit. A mon avis il ne peut s'agir que d'un manicou, petit marsupial endémique à la Martinique. En suivant mon lien vous pourrez découvrir ce petit animal nocturne, qui autrefois était chassé dans les campagnes pour sa chair et dégusté en fricassée, civet ou trempage.

 Mais je ne peux m'empêcher de vous parler du trempage qui est une spécificité bien martiniquaise et même du nord de l'ile. Il s'agit d'une quasi cérémonie qui réunissait un groupe d'amis pour communier autour de la table sur laquelle était dressé le trempage.
En général les femmes étaient exclues de la pratique même si elles avaient participé en cuisine. Comment donc se dressait ce trempage? On commençait par mettre au milieu de la table une à deux feuilles de bananier rincées à l'eau claire. Sur ces feuilles on étendait du pain rassis préalablement trempé dans de l'eau, puis pressé entre les mains et émietté. Il s'agissait de faire un lit de miettes trempées de deux cm environ d'épaisseur sur lequel était versée la préparation de viande, de morue ou de langouste quand les "bobos" version locale s'y sont mis . Cette préparation épicée est faite d'une sauce épaissie à la farine, afin qu'elle nappe bien la couche de pain. Par dessus le tout étaient coupés de fines tranches de banane mure et d'avocat et, au centre de ce long tapis bien épais, étaient disposés les morceaux de viandes ou de crustacés. Après quelques punchs et plaisanteries bien masculines, les convives se tenaient debout autour de la table, une main dans le dos, l'autre servant à manger, car le trempage se mange avec les doigts. Bien que le trempage fut souvent un concours de voraces que n'aurait pas renié Rabelais, il comporte une règle de bienséance qui interdit d'attaquer directement les viandes dressées au milieu. En effet il convient d'abord de bien " nettoyer" l'espace devant soi jusqu'à atteindre les dites viandes. Délicats et petites natures s'abstenir!
Tout cela me rappelle un souvenir piquant de ma jeunesse. Un de nos camarades nous avait conviés à un trempage de manicou, bien sur entre garçons. Mais la chasse n'ayant pas été très fructueuse, il compléta sa préparation par de la viande de chat, tout cela à notre insu. Quand tout le monde se fut rassasié,  Basilien, c'était le nom de notre facétieux camarade, exhiba la tête du chat qu'il avait gardé exprès. Il eu droit alors à quelques bordées de jurons bien sentis, entrecoupées de cris d'orfraie.
Il est vrai qu'aujourd'hui l'aspect macho et concours de gros mangeurs a disparu, puisque le trempage est devenu une manifestation pour touristes. J'ai même vu, il y a deux jours sur le bord de la grande route touristique du sud, un panneau annonçant que "M. ZEBO organise tous les vendredi un trempage".

Mais revenons au potager
En attendant mes futurs carrés qui peinent à être réalisés, j'ai planté sur une partie assez pentue de mon terrain un petit jardin créole , composé du plan de giraumon que vous connaissez et qui court où il peut, de deux plants de poivron, de deux aubergines, de deux gombos rouges, d'un pied de piment fort, d'un plan de tomate et pour finir un plan de concombre thaï. Il me donne un peu de mal car il faut que j'y monte avec l'arrosoir plein et  la pente y est forte et glissante. Il va falloir acheter une rallonge à mon tuyau d'arrosage.

Le concombre thaÏ est sous sa moustiquaire pour le protéger des grives. Le petit arbre à droite est un avocatier qui refuse de grandir.
Post-scriptum

Pour les curieux, grâce à ma documentaliste préférée, j'ai retrouvé une ancienne recette de trempage. Elle a été recueillie par Jeanne LODEON et publiée dans le numéro 38 de la revue PARALLELES (1971), éditée par Anca BERTRAND.




Sur ce je vous dis

a an lot soley
à un autre soleil