lundi 17 décembre 2012

Première récolte de curcuma




Dans mon billet du 14 octobre je vous avais entretenu du curcuma et de la préparation du massalè par ma grand mère. J'ai été impatient de réaliser cette pâte à colombo et j'ai arraché un pied de curcuma pour en récolter les rhyzomes.
J'ai été étonné du nombre de rhyzomes produits par un seul pied. Malheureusement la récolte à été prématurée et leur richesse en curcumine n'est pas très élevée (j'attendrai quelques mois pour récolter le reste).
Mais cela ne m'a pas empêché de préparer un massalè dans le mortier de ma grand-mère, il a embaumé toute la maison pendant que je le préparais.


Première récolte



Premier massalè



Rappel des ingrédients:
          - une cuillerée de riz grillé
          - trois petites cuillerées du mélange fenugrec, cumin, graines de moutarde
          - cinq racines de curcuma
          - deux gousses d'ail
          - une moitié de piment antillais


Et comme toujours je vous dis
             
a an lot soley
à un autre soleil



samedi 8 décembre 2012

Lever et coucher de soleil




Ce matin lever du soleil à 5h 50 sur la baie du Robert.
 La photo suivante a été prise quelques minutes plus tard, après le petit café fort. C'est une vraie tradition locale, que je perpétue, que de se réveiller en ingurgitant un petit café fort avant toute chose.
 En général  le premier levé, souvent la maitresse de maison, préparait ce café pour le reste de la maisonnée encore endormie. A l'époque il n'y avait pas de cafetière électrique,  le café était filtré lentement par petites rasades d'eau frémissante, dans une cafetière en aluminium. Cela prenait un certain temps. Aujourd'hui George et ses capsules sont entrés dans nos cuisines et la vie est bien plus facile.
 Les enfants dès le plus jeune âge y étaient habitués, bien sur on nous servait un café très allongé voire délayé et très sucré, et tout le délice résidait dans le plaisir de siroter les restes de sucre collés au fond du quart en fer émaillé dans lequel on nous le servait. Je nous revois, ma soeur cadette en chemise de nuit et moi en pyjama, assis dans l'escalier en bois, à peine réveillés attendant qu'on nous serve notre "tchôlôlô", car c'est ainsi que s'appelle en Martinique ce café très, très allongé.
Quand nous habitions Saint-Pierre, j'allais vers les cinq heures de l'après-midi acheter à l'épicerie, à quelques pas de la maison, la dose de café pour le lendemain.
Ce café avait été torréfié dans l'après midi par Mme Pilon l'épicière et moulu par celui que tout le monde appelait Sonson. Ce dernier un peu simplet, les dents en quinconce, les pieds nus, assis sur les marches de la boutique, tournait consciencieusement  le moulin coincé entre ses genoux. Il était plutôt ronchon et j'avoue qu'il me faisait un peu peur et  c'était avec une certaine  appréhension que je le frôlais pour entrer dans la boutique.
 La dose achetée, mesurée à la cuillère, était livrée sur un carré de papier gris plié et roulé de sorte à en faire un petit paquet bien serré.
 A cette heure de la journée les effluves puissantes du café grillé couvraient le cocktail permanent d'odeurs de morue salée, de rhum et d'huile dont la vente elle aussi se faisait au détail.
Pour la vente au détail des liquides( rhum, vin ou huile...),on pouvait entendre des anciens passer leur commande dans des unités de mesure datant de l'Ancien Régime, une chopine de vin, une roquille d'huile ou une musse de rhum, soit: un demi litre, un quart de litre ou huitième de litre. Si ces questions vous intéressent, vous pouvez cliquer sur le lien suivant Mesures antillaises Guy Stehlé.

Le temps de se bruler les lèvres au café et le ciel s'est éclairci

 Ci-dessous, photo du crépuscule sur le Robert, la journée s'est passée et je n'ai pas fait grand-chose dans le potager, sinon les arrosages quotidiens car il ne pleut toujours pas.


J'avoue que ces deux dernières semaines j'ai eu d'autres préoccupations et que j'ai quelque peu négligé mes travaux agrestes.
Toutefois cela ne m'a pas empêché d'arracher deux plans de courgettes et deux plans de concombre car leurs fruits se flétrissaient rapidement. Si je me réfère aux fiches de la FREDON ( voir mon billet du 23 novembre) ce flétrissement viendrait de la présence de la bactérie Ralstonia Solanacearum. A ce jour il n'y a pas de traitement chimique pour lutter contre cette dernière. Il convient donc d'arracher les plants atteints et de les bruler, de désinfecter les bottes et les outils, de bien désherber les parcelles concernées (concombres , courgettes, giraumon).
Il semblerait même que cette bactérie soit en voie d'expansion et qu'elle se conserve plusieurs années dans la terre et les débris végétaux. Des déboires en perspective pour les maraichers.
Mais malgré ces tristes nouvelles j'avance, et j'ai transplanté dans mon petit jardin créole au pied de mon  avocatier cinq plants de tomates, deux Noire de Crimée, deux Black of Tula et un Green Zébra. Pour l'instant tout ce petit monde se porte bien, et je fais attention à ce qu'il ait les apports d'eau nécessaire. Enfin j'ai amendé toutes mes plantations en cours avec du compost produit par le Centre de Valorisation des Déchets Organiques . Ce dernier installé sur le territoire de notre commune, organise tous les vendredi matin une vente aux particuliers en sacs de vingt kilos, alors que ce compost se vend habituellement aux agriculteurs à la tonne.

Sur ce je vous dis
 
a an lot soley
a un autre soleil

vendredi 23 novembre 2012

Gombos


Une vrai découverte

J'ai découvert les gombos rouges grâce à KOKOPELLI. Alors que j'en mange depuis mon plus jeune âge, je n'en avais jamais vu de rouges. J'espère qu'ils seront aussi bon que les verts traditionnels.








Un nouvel ennemi

Je viens de découvrir un nouvel ennemi : les rats. Ils commencent à attaquer les gombos verts systématiquement. Tous les matins je trouve des fruits grignotés. Il est temps d'acheter une bonne dose de raticide . Entre les rats , les oiseaux, les manicous, les insectes, les nématodes, les virus et bactéries, sans compter les champignons je suis en très mauvaise posture. La bataille est loin d'être gagnée, il est grand temps de me rapprocher de la FREDON.

FREDON: fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles. Cet organisme existe dans toutes les régions de France


Cherchez l'erreur

N'ayant rien d'autre à vous raconter aujourd'hui, je vous dis

a an lot soley
à un autre soleil

jeudi 22 novembre 2012

Clin d'oeil de SWEET KWISINE


Suite à mon billet sur Noël, SWEET KWISINE m'a fait un petit clin d'oeil en gâteau.
 Je le partage avec vous.


Sympa non?

a an lot soley !
à un autre soleil !


Brèves du potager 3 (et du pouvoir des fleurs de giraumon ...)


Enfin une petite récolte satisfaisante de gombos " Esmerald green " qui sont excellents. Vous pouvez découvrir la recette de leur préparation au citron sur le site de SWEET KWISINE dont le lien est sur ma page d'accueil dans les sites amis. Les trois pieds que j'ai plantés sont en pleine production et apparemment ils ne plaisent pas aux oiseaux.


Essai  des gombos rouges  "Red burgundy", ils font leurs premières fleurs et nous verrons bien ce qu'ils donneront.



Le plant de giraumon se couvre de fleurs, elles sont magnifiques, j'espère qu'il donnera quelques fruits.
Je vais vous raconter une croyance liée à ces fleurs et c'est la première fois que je la rapporte.
 Quand nous étions enfants, nous avions une vision plutôt fantasmagorique de la vie sexuelle dont nous étions totalement ignorants.Une de nos fantasmagories était liée notamment au pouvoir de ces fleurs sur le développement de nos zizis. Comme tous les petits garçons de notre âge nous étions préoccupés par la taille de nos engins. Et nous croyions dur comme fer, que pour avoir un développement conséquent de notre zizi, il fallait l'introduire dans un fleur de giraumon. Lors de la formation du fruit, notre zizi grandirait au rythme de croissance de ce dernier. Mais la pratique comportait un risque, celui du grossissement incontrôlé si le fruit n'était pas cueilli à temps!  Le risque d'avoir un sexe monstrueux fit qu'aucun de nous n'essaya la recette , et à aucun moment il ne nous vint à l'idée que tout cela n' était que des sornettes.
Nous étions vraiment des petits campagnards, " ti neg la kapann" naïfs et ignorants et quand je compare le développement de mes petits enfants au même âge, j'ai le sentiment que nous étions dans des mondes vraiment différents.







J'espère que je vous aurai bien amusés et je vous dis


a an lot soley !
a un autre soleil !

mercredi 21 novembre 2012

Noël s'annonce

Oignons-pays plantés dans un gouttière transformée en jardinière.


Le temps change , les jours se sont raccourcis, mais la luminosité est magnifique. Il  apporte cette sensation de légèreté  joyeuse qui caractérise la période de l'Avent.
Mais les temps eux aussi ont changé.
 Noël est aujourd'hui aussi annoncé par les catalogues de jouets dans les boites aux lettres, les pubs à la télé, l'annonce de tonitruants "chantés noël" qui semblent devenir des galops d'essai pour le carnaval(même à Paris), la dictature des enfants qui grâce à tout cela imposent leurs choix de cadeaux.
J'ai connu dans mon enfance un autre type d'effervescence, sans pub, sans télé, sans débauche de lumières, de sonos, de décorations, que le poète a su exprimer bien mieux que je ne saurais le faire.

" Il s'était annoncé d'abord Noël par un picotement
de désirs, une soif de tendresses neuves, un bourg-
eonnement de rêves imprécis, puis il s'était envolé
tout à coup dans le froufrou violet de ses grandes
ailes de joie, et alors c'était parmi le bourg sa
vertigineuse retombée qui éclatait la vie des cases
comme une grenade trop mûre.
 Noël n'était pas comme toutes les fêtes. Il n'aimait
pas à courir les rues, à danser sur les places
publiques, à s'installer sur les chevaux de bois, à
profiter de la cohue pour pincer les femmes, à lancer
des feux d'artifices au front des tamariniers. Il avait
l'agoraphobie, Noël. Ce qu'il fallait c'était toute
une journée d'affairement, d'apprêts, de cuisinages,
de nettoyages, d 'inquiétudes,
de-peur-que-ça-ne-suffise-pas,
de-peur-que-ça ne-manque,
de-peur-qu'on-ne-s'embête,
puis le soir une petite église pas intimidante, qui se
laissât emplir bienvaillamment par les rires, les
chuchotis, les confidences, les déclarations amou-
reuses, les médisances, et la cacophonie gutturale
d'un chantre bien d'attaque et aussi de gais copains et
de franches luronnes et des cases aux entrailles riches
en succulences, et pas regardantes, et l'on s'y parque
une vingtaine, et la rue est déserte, et le bourg n'est
plus qu'un bouquet de chants, et l'on est bien à
l'intérieur, et l'on mange du bon, et l'on en boit
du réjouissant et il y a du boudin......"

Aimé CESAIRE
Cahier d'un retour au pays natal . Paris 1939
extrait tiré de la réédition  Présence Africaine Paris 1983

Et le potager dans tout cela? me direz vous.
Le potager pour un Noël traditionnel doit être un grand pourvoyeur d'oignons pays, de pois d'angole, d'igname, de piments, de persil.
Noël c'est également la fête du cochon et la production du potager servira aux différentes préparations auxquelles il donnera lieu. Car à cette occasion on mange du boudin, des patés salés, du ragout accompagné d'igname et de pois d'Angole. Mon potager lui, cette , année ne fournira que l'oignon- pays, le persil et des piments si les grives veulent bien m'en laisser quelques uns.
Autrefois tous ceux qui le pouvaient, élevaient un cochon à cet effet. Il s'agissait d'un cochon de race locale noire, plutôt petit et pas trop gras.
Les trois petits cochons martiniquais- photo de Cécile

En 1972, à Fond Bourlet, j'ai pu vivre le dernier Noël, où ma grand mère,selon la tradition, a fait abattre par ses voisins un cochon qu'elle avait nourri dans ce but. Cette année là fut la dernière fois où, j'entendis ma grand-mère, Manman DO, chanter Noël en reprenant toutes les ritournelles en créole, esquissant quelques pas de danse malgré ses rhumatismes aux genoux.



 Le voisin marin-pêcheur (reconnaissable à son chapeau de bakoua peint) débitant la bête au coutelas


Ma mère Jojo, aidée de ma soeur Josiane, remplissant les boudins. Du pimenté pour les "grandes personnes"
et du non pimenté pour les enfants et les petites natures.


En 1975 la vie fit que nous repartîmes en France. De retour en 1980, tout changeait, la Martinique continuait à s'urbaniser à vive allure, il y avait de moins en moins de jardins créoles, de cochons domestiques, Manman Do et son mari Hyppolite habitaient désormais au bourg de Case Pilote, c'était pour nous la fin d'une époque.

En vous souhaitant de bien préparer vos fêtes de fin d'année
je vous dis

a an lot soley !
à un autre soleil !

dimanche 11 novembre 2012

Les voraces


Pas grand chose à se mettre sous la dent. Je suis plutôt dépité par les nouvelles attaques des prédateurs voraces. Cela a sapé mon moral de jardinier. En effet  cette garce de grive, mince je me laisse aller, a découvert que les poivrons étaient aussi bons que les piments et s'est fait un plaisir de déguster les jeunes fruits que le California Wonder commençait à reporter . Du coup je l'ai mis sous filet.
La deuxième attaque concerne la disparition de tomates vertes sur le pied de Caraïbo. Cette fois-ci il ne s'agit pas des grives, ni d'un quelconque autre oiseau. Le forfait a été perpétré de nuit, et les tomates ont été cueillies sans laisser de traces. J'ai d'abord pensé à des rats, mais ces derniers auraient signé leur action par des traces de dents sur des restes de fruit. A mon avis il ne peut s'agir que d'un manicou, petit marsupial endémique à la Martinique. En suivant mon lien vous pourrez découvrir ce petit animal nocturne, qui autrefois était chassé dans les campagnes pour sa chair et dégusté en fricassée, civet ou trempage.

 Mais je ne peux m'empêcher de vous parler du trempage qui est une spécificité bien martiniquaise et même du nord de l'ile. Il s'agit d'une quasi cérémonie qui réunissait un groupe d'amis pour communier autour de la table sur laquelle était dressé le trempage.
En général les femmes étaient exclues de la pratique même si elles avaient participé en cuisine. Comment donc se dressait ce trempage? On commençait par mettre au milieu de la table une à deux feuilles de bananier rincées à l'eau claire. Sur ces feuilles on étendait du pain rassis préalablement trempé dans de l'eau, puis pressé entre les mains et émietté. Il s'agissait de faire un lit de miettes trempées de deux cm environ d'épaisseur sur lequel était versée la préparation de viande, de morue ou de langouste quand les "bobos" version locale s'y sont mis . Cette préparation épicée est faite d'une sauce épaissie à la farine, afin qu'elle nappe bien la couche de pain. Par dessus le tout étaient coupés de fines tranches de banane mure et d'avocat et, au centre de ce long tapis bien épais, étaient disposés les morceaux de viandes ou de crustacés. Après quelques punchs et plaisanteries bien masculines, les convives se tenaient debout autour de la table, une main dans le dos, l'autre servant à manger, car le trempage se mange avec les doigts. Bien que le trempage fut souvent un concours de voraces que n'aurait pas renié Rabelais, il comporte une règle de bienséance qui interdit d'attaquer directement les viandes dressées au milieu. En effet il convient d'abord de bien " nettoyer" l'espace devant soi jusqu'à atteindre les dites viandes. Délicats et petites natures s'abstenir!
Tout cela me rappelle un souvenir piquant de ma jeunesse. Un de nos camarades nous avait conviés à un trempage de manicou, bien sur entre garçons. Mais la chasse n'ayant pas été très fructueuse, il compléta sa préparation par de la viande de chat, tout cela à notre insu. Quand tout le monde se fut rassasié,  Basilien, c'était le nom de notre facétieux camarade, exhiba la tête du chat qu'il avait gardé exprès. Il eu droit alors à quelques bordées de jurons bien sentis, entrecoupées de cris d'orfraie.
Il est vrai qu'aujourd'hui l'aspect macho et concours de gros mangeurs a disparu, puisque le trempage est devenu une manifestation pour touristes. J'ai même vu, il y a deux jours sur le bord de la grande route touristique du sud, un panneau annonçant que "M. ZEBO organise tous les vendredi un trempage".

Mais revenons au potager
En attendant mes futurs carrés qui peinent à être réalisés, j'ai planté sur une partie assez pentue de mon terrain un petit jardin créole , composé du plan de giraumon que vous connaissez et qui court où il peut, de deux plants de poivron, de deux aubergines, de deux gombos rouges, d'un pied de piment fort, d'un plan de tomate et pour finir un plan de concombre thaï. Il me donne un peu de mal car il faut que j'y monte avec l'arrosoir plein et  la pente y est forte et glissante. Il va falloir acheter une rallonge à mon tuyau d'arrosage.

Le concombre thaÏ est sous sa moustiquaire pour le protéger des grives. Le petit arbre à droite est un avocatier qui refuse de grandir.
Post-scriptum

Pour les curieux, grâce à ma documentaliste préférée, j'ai retrouvé une ancienne recette de trempage. Elle a été recueillie par Jeanne LODEON et publiée dans le numéro 38 de la revue PARALLELES (1971), éditée par Anca BERTRAND.




Sur ce je vous dis

a an lot soley
à un autre soleil

mardi 30 octobre 2012

Nouvelles du jardin en carrés



Dans mon billet  du 22 juillet je vous avais présenté mon jardin en carrés façon Mel Bartholomew. Aujourd'hui il n'a rien à voir avec ce qu'il était à l'origine. Fait dans une terre dure et non amendée, certaines plantations n'ont rien donné comme les radis ou le céleri , les oignons pays végètent,et les laitues ont donné des récoltes plus que maigres.Par contre le piment végétarien commence à porter et le plant de poivron, après avoir produit deux poivrons plutôt rachedingues, se met à refleurir. Le temps étant anormalement sec j'arrose quotidiennement d'autant que le vent chaud dessèche les plantes ( les températures maxi ne descendent pas en dessous de 31°C ). Ce mini jardin s'est enrichi en remplacement des disparus, d'un plant de courgette (qui semble ne faire que des fleurs mâles pour le moment), d'un plant de concombre thaïlandais, d'un plant d'aubergine et surtout d'un plant de gombo qui sera bientôt couvert de fruits. Le plant de tomates cerises a été arraché et remplacé par un plant de coeur de boeuf qui commence à fleurir. Quelques images seront plus parlantes.

Rien à voir avec la photo du 22 juillet

Le pied de piment végétarien commence à porter.Variété tardive

Gombo chargé de boutons et de jeunes fruits

Le poivron recommence à fleurir

A coté des carrés j'ai transplanté deux gombos en pot que j'ai enlevé du jardin suspendu.
Eux aussi se couvrent de boutons.


En remplacement du premier plant de christophine que les grives avaient ratiboisé, je  remis un autre plant que j'ai fait venir dans un pot. Pour le protéger des grives ,j'ai attaché sur le tuteur, un sachet en plastique qui flotte au vent et est sensé les effrayer. Pour l'instant ça a l'air de marcher. 


a an lot soley
à un autre soleil

lundi 22 octobre 2012

Commerce international et biodiversité



Vraiment un titre grandiloquent pour le peu dont je vais vous entretenir, et ce dans la limite de mon jardin.
Trois variétés  exotiques font parti maintenant de mon jardin grâce au commerce international. Il s'agit d'un palmier dattier, d'un grenadier et de plants de gingembre.

Il y a quelques années, alors que je dégustais des dattes "Deglet Nour" importées de Tunisie, j'ai craché un noyau dans le jardin. Qu'elle ne fut pas ma surprise un mois après de voir que ce noyau avait germé et fait une pousse. J'ai renouvelé l'expérience avec trois noyaux que j'ai mis dans un verre d'eau. Bien des  jours plus tard, deux des noyaux avaient germé.

Voila comment aujourd'hui j'ai un palmier dattier tunisien dans mon jardin. Bien sur  le manque de soins appropriés combiné au climat local, et à l'absence de partenaires ne lui ont pas encore permis de porter des fruits.

Ma deuxième expérience concerne le grenadier. A partir d'une grenade importée d'Espagne, j'ai eu l'idée de mettre à sécher quelques graines que j'avais au préalable sucées ( pas terrible au goût !). Après un mois de séchage j'ai fait un semis dans un pot et voilà le résultat : un plant de grenadier qui ornera mon jardin de ses belles fleurs coq de roche et espérons de ses fruits aussi.



La troisième expérience concerne mes plants de gingembre. Ces plantations sont issues de rizhomes achetés au super marché et importés d'Asie du sud-est.
Plantés depuis plus de six mois les rizhomes sont déjà récoltables. Originaire d'Inde le gingembre a été rapidement implanté aux Antilles et donné lieu à d'importantes plantations dans les iles voisines. En Martinique il est paré de nombreuses vertus et notamment aphrodisiaque... Aussi certains boivent-ils régulièrement des boissons énergisantes du commerce à base de gingembre !


J'ai découvert qu'à Sante Lucie, l'ile voisine, ils en font une boisson rafraichissante. Il suffit de râper un bon morceau de 4 ou 5 cm, verser sur la pulpe obtenue un litre à un litre et demi d'eau chaude, passer le tout au chinois, sucrer à volonté et mettre au réfrigérateur. C'est frais et légèrement épicé. Facile non ? Vous pouvez tous l'essayer.


Première récolte test ce jour. Je pourrai cuisiner du gingembre frais 

A la Martinique du temps de mon enfance on utilisait le gingembre dans des galettes appelées pains d'épice.
Ces galettes composées uniquement de farine, d'eau, de sucre et de jus de gingembre, étaient cuites au four. Elles étaient très minces , très dures, très piquantes et de formes ovales irrégulières, car façonnées à la main. Pour nos papilles d'enfant c'était de vrais arraches-gueules.
A la sortie de l'école quand nous avions récolté quelques anciens francs, nous achetions chez Mme Calcar ( elle tenait une petite pâtisserie près de l'école) un "pain d'épice" que nous partagions entre camarades et c'était à celui qui fanfaronnerait le plus, feignant d'ignorer la brulure épicée que nous occasionnait notre petit morceau de délice, même pas mal !
Aujourd'hui ces pains d'épice n'existent plus que sous une forme industrielle et édulcorée.

Voilà comment du petit bout de la lorgnette, dans mon jardin, je contribue à l'enrichissement de la biodiversité locale.

Sur ce je vous dis


a an lot soley !
a un autre soleil !

dimanche 14 octobre 2012

Curcuma


Les plants de curcuma
Les  curcuma plantés en avril , après le dernier épisode pluvieux se portent à merveille. C'est une plante qui aime la pluie, il lui faut une pluviométrie d'au moins 2000 mm/an et  supporte bien la mi-ombre. Ses rhizomes qui sont consommables ne sont pas récoltables avant dix-huit  à vingt et un mois. Ils entrent dans la composition des "cari" ou "curry" selon l'orthographe que vous préférez.

Je ne peux m'empêcher de penser à ma grand-mère chaque fois que je les regarde pousser, car je regarde souvent pousser mes plantes.
Ma grand mère donc, que nous appelions Manman Do, était une femme indienne qui était maitresse dans l'art de préparer des caris. Elle n'employait jamais le mot cari, mais utilisait les termes colombo et plus souvent colbou  . D'ailleurs depuis que j'ai quitté Saint-Pierre dans le milieu des années soixante, je n'ai pas le souvenir d'avoir entendu employer le mot colbou par lequel elle désignait ses préparations magistrales.

Comment donc s'y prenait elle?
Le mortier familial et son pilon
Elle commençait par choisir quelques belles racines de curcuma qu'elle appelait "mandja". Il semblerait que cette appellation provienne d'un mot indien désignant la couleur de ces racines qui colorent en jaune tout ce qu'elles touchent y compris les doigts de la cuisinière qui les utilise. A partir de ces mandjas elle confectionnait une pâte qu'elle appelait "massalè". C'est ce massalè qui fait toute la réussite d'un bon colombo parfumé et riche en saveurs. Pour réaliser son massalè  elle utilisait un mortier et un pilon en pierre. Au fond de ce mortier elle commençait par mettre une petite poignée de riz grillé qu'elle réduisait en farine . Cette farine de riz assurait la consistance et le liant du massalè. Ensuite elle ajoutait le mandja, une ou deux gousses d'ail, un morceau de piment vert. Je la revois dans sa cuisine, assise sur un petit banc de bois blanc ses jupes ramassées entre les cuisses, le mortier coincé entre les genoux. Le pilon en pierre volcanique noire, manié d'une main ferme était animé d'un mouvement circulaire, jusqu'à ce qu'elle estime avoir obtenu la bonne texture pour son massalè bien jaune, de ce jaune que les peintres appellent jaune indien.
J'avais toujours rêvé d'avoir ce mortier, mais il a atterri chez ma fille. C'est très bien ainsi car elle s'en sert et perpétue la tradition familiale du plaisir de la bonne cuisine .
Mais revenons au colbou de Manman Do. Bien sur en plus du bouquet garni d'oignon-pays y entrent d'autres épices spécifiques appelées couramment les graines à roussir. C'est un mélange de cumin, de graines de moutarde et de fenugrec. Elle appelait ces graines calichidron , cotomili et la troisième j'ai malheureusement oublié son nom. Surtout ne me demandez pas qui est calichidron et qui est cotomili j'ai également complètement oublié.
Sa première opération était de torréfier ce mélange de graines dans son faitout  avant d'y faire revenir ses viandes. J'écoutais crépiter avec curiosité ces graines qui éclataient au fond du récipient car trop petit pour y jeter un oeil. Une fois les viandes saisies, elle ajoutait ensuite son massalè qu'elle avait acidifé au jus de citron , ou en y ajoutant de la mangue verte ou du tamarin vert si c'était la saison. Ensuite avait lieu un long "mijotage" à feux doux sur un tesson à charbon de bois. Je n'ai jamais retrouvé les saveurs de cette cuisine familiale au feu de charbon de bois qui noircissait le cul des casseroles et m' assurait parfois la participation à la corvée de leur récurage à la paille de fer et au savon de Marseille.

Le colombo, accompagné de riz blanc, était toujours le plat principal d'un repas de fête qui rassemblait toute la famille, et parfois des amis autour de la table.

Manman Do et son arrière petit fils Pierre. Noël 1974
Fin 1982 nous voilà Manman Do, son arrière petite fille Cécile et moi

Je vous souhaite de déguster un jour un vrai colombo et vous dis


a an lot soley !
à un autre soleil !